Tuesday, February 26, 2013

Skouries: La marche forcée vers la croissance liberticide


Cette fois-ci c'est dans le nord de la Grèce, à Skouriesdans la région de Halkidiki, que le gouvernement grec mène son offensive de terreur répressive en poursuivant pénalement les habitants d'un village qui résiste à la privatisation de leur environnement et à la destruction de la nature et de leur santé. 

Depuis plus d'un an maintenant, les habitants de la région se battent contre le projet destructif des mines d'or de la compagnie canadienne Eldorado et leurs complices, l'entrepreneur Bobolas et le gouvernement grec. Le projet viole maintes dispositions environnementales en utilisant des procédures d'extraction extrêmement polluantes, il est en train de rayer de la carte une forêt vierge, l'eau potable sera affectée, et le tourisme, activité principale de la région, irrémédiablement anéanti. Le gouvernement soutient ardemment le projet en soutenant que c'est la seule façon d'obtenir la croissance et l'emploi. 

Le projet va aussi contre la Constitution, dans le sens que, selon l'article 24, une surface répertoriée en tant que "forêt" ne peut être vendue ou exploitée, sauf dans les cas de profit majeur pour l'Etat et le secteur public. Sauf que dans ce cas-ci, l'Etat ne mettra pas un seul euro dans la poche (la forêt a été offerte "en prime" à Eldorado pour l'achat des mines). 


L'accord de vente/concession de presque 450 hectares d'ancienne forêt vierge (en plus des infrastructures, bâtiments, etc) a coûté à la compagnie 11 millions euros, tandis que la valeur de la mine seule et de l'or qu'on projète en extraire s' élève à 12 milliards. Les militants et locaux qui résistent, dénoncent cet accord comme un scandale financier monumental. 

Comble du ridicule: le Ministère a approuvé l'étude environnementale de la compagnie au moment même où plusieurs scientifiques dénoncent les techniques qui seront utilisées pour leur dangerosité accrue , surtout pour les aquifères. Soyons clairs: Il s'agit là d'un véritable crime. 

A noter aussi que la personne-clé dans cet accord, est un certain M. G.Pachtas, maire de la commune d'Aristotelis (à proximité de l'endroit où la mine se construit); et plusieurs fois ministre sous les gouvernements de PASOK. Il avait dû démissioner en 2004 de son poste de Secrétaire d'Etat à l'Economie pour avoir essayé de faire adopter en catimini un amendement permettant, de manière illégale, à un grand hôtel de Chalkidiki, de construire dans une forêt qui se trouvait à proximité. Donc, détruire des forêts, avec éventuellement une récompense en prime, c'est quelque part son petit vice... 

Le gouvernement prétend que les mines constituent un projet de "développement" qui va contribuer à la création d'emplois dans ces temps de crise aigüe et de chômage croissant: selon le planning de la compagnie, au sommet de son activité, 1300 emplois seront crées -dans un pays ou le chômage atteint les 30%, soit près d'un million de personnes. 

Les images des gardes de sécurité cagoulés qui empêchent l'accès à la forêt même pour des randonneurs, ainsi que la répression policière lors des manifestations et protestations des habitants sur les lieux (en allant jusqu'à utiliser des balles en caoutchouc)renvoient directement (et sinistrement) à des régimes semi-totalitaires imposant par la matraque à leur pays une marche forcée vers le tout-privé. Les forces de police ont menacé ouvertement même des députés qui ont participé aux manifestations. 

La situation a pris une tournure encore plus inquiétante cette dernière semaine: 

Dans la nuit du dimanche à lundi, une quarantaine de personnes non identifiées ont mis le feu à des équipements d'Hellenic Gold, filiale grecque détenue à 95% par Eldorado Gold. Depuis lors, la police a déclenché une véritable chasse aux sorcières, en accusant tous les militants et des habitants de la région qui s'opposent ouvertement aux mines d'être complices de cet acte criminel, simplement pour avoir appelé ou participé à la résistance!!! 

Des dizaines de personnes sont interpellés quotidiennement à leur domicile, et sont conduits au poste de police local pour être soumis à des examens d'ADN, certains sont même littéralement kidnappés pendant plusieurs heures sans que leurs familles en soient informés. 

A noter que tandis que les grands médias passent sous silence toutes les mobilisations de la société civile contre les projets de l’orpailleur canadien, ils ont tout de suite braqué leur projecteurs sur l'incendie en question, en parlant "d'acte terroriste" qui nuit à la crédibilité de notre pays pour les investisseurs étrangers. 

Plus généralement, depuis quelque temps, le gouvernement est en train de criminaliser toutes les luttes sociales (grèves, manifestations, occupations, etc.) et envoie un signal clair: tout mouvement de résistance face à l'appauvrissement des travailleurs et au pillage des biens publics par les multinationales, devra affronter la police et les CRS! 

La démocratie est (une fois de plus) renvoyée aux calendes grecques... 

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